🖤 COUP DE CŒUR. "La politique sexuelle de la viande" : À SAVOURER.
Parce que la domination masculine s'exerce, mine de rien, sur nos codes alimentaires, il s'avère urgent de choisir son camp. Beurk, la virilité toxique ! Beurk, la viande !
LA POLITIQUE SEXUELLE DE LA VIANDE. Carol J. Adams
Excellente nouvelle que la nouvelle édition, au passager clandestin, de cet ouvrage majeur du féminisme vegan ! Paru aux États-Unis en 1990, il déroule sur près de 400 pages une analyse sociologique inédite et implacable de la corrélation entre l’oppression patriarcale et l’exploitation animale. Ou bien l’oppression animale et l’exploitation patriarcale. L’une et l’autre se superposent, c’est bien le propos de l’étude qui démontre de quoi relève cette objectivation abjecte. Les femmes et les animaux : de la viande. Même combat.
Militante féministe et antispéciste américaine, Carol J. Adams est une référence en la matière. En France, à l’automne dernier, la chercheuse en sociologie Kaoutar Harchi avait d’ailleurs cité dans son nouveau livre, “Ainsi l’animal et nous”, le travail de cette auteure incroyablement précurseure. Si l’intersectionnalité des luttes semble aujourd’hui acquise pour un certain nombre de vegan féministes, cette boussole théorique américaine donnait un bon coup de balai politique dans les préceptes alimentaires dominants de l’époque. Lesquels n’ont, d’ailleurs, pas vraiment évolué. De nos jours, la dissonance cognitive de bon nombre d’acteur·ices de la scène militante dite féministe ne manquera pas de prendre du plomb dans l’aile. Ce n’est pas volé.
Articulé autour de sources sociologiques, mais également historiques et littéraires, le propos est direct, parfois cru, à l’image de la violence subie par les animaux et les femmes dans la société. Carol J. Adams la découpe au laser de sa réflexion que l’on savoure avec un plaisir non dissimulé. Elle démembre consciencieusement l’aptitude masculine à la réduction de l'altérité sur la trajectoire du mépris conduit jusqu’au meurtre et à la consommation de sa proie, au nom d’une toute puissance genrée à mort : celle de l’homme, impuni, légitimé, triomphant. De sa jouissance qui pourrait bien traduire, en réalité, un fantasme d’impuissance travesti par le déni. On ne se le demande pas.